Question n°1 : L’annonce du mode de conception à l’enfant
Beaucoup de parents se demandent comment leur enfant pourrait réagir s’ils devaient un jour révéler le mode conception. La réaction supposée et imaginée de leur enfant par le père, la mère ou même les deux, conditionne parfois le choix de lever ou non le secret. Pour ceux qui souhaitent dire la vérité à l’enfant, la difficulté est souvent de savoir à quel moment et quels mots ou expressions employer.
Au sein de l’ADEDD, nous pensons qu’il est important d’annoncer le mode de conception à l’enfant le plus tôt possible même si ce dernier n’est pas en âge de comprendre et d’intégrer le vocabulaire employé. Il paraît utile de l’habituer et de le familiariser progressivement à son histoire par le dialogue, la lecture ou le dessin par exemple.
Une explication chronologique paraît opportune afin que les choses soient bien claires dans la tête de l’enfant ainsi que pour une meilleure compréhension. En effet, comment expliquer le recours à un donneur dans le cas de l’insémination artificielle (IA) sans commencer par évoquer les difficultés de procréation rencontrées par le couple ? Des termes simples suffisent pour expliquer l’impossibilité d’avoir un enfant naturellement malgré plusieurs tentatives. C’est dans ces conditions que s’est progressivement imposée l’idée de recourir à une méthode alternative ne remettant pas pour autant en question le désir de concevoir un enfant. Il peut à ce moment là être utile d’expliquer pourquoi le choix s’est davantage porté sur une technique d’assistance médicale à la procréation (AMP) plutôt que vers l’adoption.
En plus des mots, d’autres éléments sont également à prendre en considération. La façon dont la question de la stérilité a été gérée au sein du couple n’est pas sans conséquence sur l’annonce du mode de conception. Si les parents sont plutôt à l’aise avec le sujet et qu’aucun « tabou » ne persiste, l’annonce sera d’autant plus facile et cela aura tendance à se faire ressentir d’une façon positive chez l’enfant. En revanche, lorsque l’annonce est faite de façon unilatérale (par un seul des parents sans concertation préalable) ou de façon impulsive au moment de la survenance d’un conflit familial (divorce par exemple), cela aura tendance à avoir un impact plutôt négatif sur l’enfant. Ce dernier pourra par exemple se demander si en l’absence de telles circonstances ses parents auraient quand même décidé de l’informer de son mode de conception.
Au sein de l’ADEDD nous pensons donc que l’annonce du mode de conception doit être quelque chose de programmé par les parents indépendamment de tout conflit familial ou événement perturbateur qui obligerait le couple à lever le secret sur le mode de conception de façon anticipée ou contre leur volonté (révélation par une autre personne que l’un des parents par exemple).
Un climat familial serein permettrait donc aux enfants d’accueillir plus facilement l’annonce qui leur a été faite. Quoi qu’il en soit, il est impossible de prévoir la réaction de son enfant et il ne faut pas hésiter à en reparler avec lui chaque fois que ce dernier en ressentira le besoin. L’annonce n’est pas forcément le moment le plus difficile pour ce dernier car la période qui succède est parfois extrêmement riche en questionnements qui peuvent conduire chez certains à un mal-être plus ou moins profond. Le spectre est extrêmement large, certains vivront parfaitement bien cette situation et d’autres moins.
Posté le : 18 Mar 2010
Bonjour,
votre site nous a été indiqué par AMPHORE (association pour accompagner les personnes en AMP) à nantes.
Nous avons lu attentivement et avec intéret votre réponse à la question de l’annonce à l’enfant de son histoire.
Nous sommes d’accord avec cette façon de l’annoncer, étant donné que nous avons un 1er enfant né de FIV (sans don) et que nous ne lui cachons pas son « histoire de conception ».
Aujourd’hui nous nous tournons vers le don d’ovule pour agrandir la famille… et la question pour moi, la maman, et peut etre d’autres personnes concernées est : »Faut il annoncer à l’entourage proche que c’est par un don d’ovule? » »si oui quand l’annoncer? »
est ce que l’enfant peut le savoir, et la famille proche non?
dans l’intéret de l’enfant, et pour protéger notre vie de famille, je ne sais pas quoi penser…
Peut etre avez vous des témoignages, ou des xpériences qui pourraient nous éclairer.
PAr avance merci de votre « écoute » et réponse.
Mr et Mme MOREAU
J’ai lu avec un grand intérêt votre très intéressant article qui ouvre sur des pistes de réflexion.
Connaissez-vous des sites ou des livres regroupant différents témoignages sur la façon dont les parents d’enfants issus par IAD se sont pris pour annoncer le mode de conception à leurs enfants et comment ont-ils réagi ?
Je suis consciente que chaque histoire est unique et que chaque réaction est imprévisible. Mais je reste persuadée que si on dispose d’un bon bagage d’informations sur le sujet, on pourra faire face à cette imprévisiblité le mieux possible.
Pour répondre à Hopy, je signale le site de l’association Procréation médicalement anonyme qui comporte des témoignages de jeunes.
Vous avez aussi le témoignage donné hier sur Fr3, émission 7 à voir, du père d’un jeune conçu par iad, après reportage sur ses trois enfants conçus par iad. Un membre de l’adedd témoigne aussi en disant, si j’ai bien écouté « il faut se construire avec ».
Le débat actuel permettra, du moins on peut l’espérer, qu’il n’y ait plus de tabou de l’infertilité chez les couples concernés, voire chez les médecins de la reproduction. Quelque chose est en train de changer sur ce plan.
Je pense surtout qu’on ne plaque pas des théories anciennes, comme le font bien souvent des professionnels malheureusement, sur des réalités nouvelles. Nous sommes dans l’inédit qui peut faire peur. Il est donc urgent d’entendre davantage des personnes conçues par amp pour réfléchir autrement, grâce à elles, aux conséquences pour elles de pratiques qui n’envisageaient en AUCUNE manière l’intérêt de l’enfant. Il n’existe aucune étude sérieuse sur ce sujet, malgré l’engagement des Cecos à le faire (voir leur charte de 1995: c’était il y a 15 ans!!!!!!!).
Si vous regardez les clips de l’Agence de Biomédecine (à dons de spermatozoïdes), vous verrez que le couple qui témoigne avec leur enfant en bas âge dans les bras (!) dit : on va le dire à notre enfant… J’ai réagi fortement : c’est déjà fait puisque l’enfant était dans leurs bras quand ils parlaient de leur histoire!!! C’est surprenant qu’un organisme officiel n’ait pas repéré ce paradoxe avant de mettre en ligne ce clip. Je suis étonnée que des couples se demandent comment le dire quand bien souvent ils l’ont déjà dit, qu’il s’agisse de transmission inconsciente ou consciente. Je me souviens d’avoir reçu en entretien une femme qui souhaitait annoncer à ses enfants adultes leur conception par iad. Elle me disait avoir lu beaucoup de livres sur l’AMP. Où étaient-ils ces livres ? Chez elle… Signe que ses enfants le savaient déjà, d’une manière ou d’une autre.Nous ne sommes plus à une époque où on prend les enfants pour des patates qui ne voient, ne sentent et n’entendent rien …
Il s’agit donc le plus souvent de mettre de la parole sur quelque chose de déjà su par eux, d’une manière ou d’une autre.
La question de l’anonymat fait évidemment partie des débats entourant la révision des lois de bioéthique de 2010 mais au sein de l’ADEDD, nous pensons que le véritable enjeu est la question du secret sur le mode de conception.
La révélation du mode de conception ne nous paraît pas être quelque chose d’insurmontable pour l’enfant. On entend souvent le témoignage de personnes éprouvant des difficultés (toujours les mêmes généralement) mais ces derniers ne sont pas représentatifs de tous les enfants conçus par don pour autant.
Chaque histoire est vraiment unique et aucun témoignage ne peut être généralisé.
Au sein de l’ADEDD, nous tentons de fournir des clés aux enfants issus des techniques d’AMP afin que ces derniers puissent se construire sereinement tout en connaissant l’histoire de leur conception.
L’anonymat est un tout autre débat et tous les enfants entrant en contact avec nous ne remettent pas systématiquement ce principe en question. Il est d’ailleurs très peu évoqué par les enfants eux-mêmes qui ont souvent d’autres préoccupations.
L’ADEDD ne s’inscrit dans aucune démarche militante et chaque enfant a le droit d’exprimer son opinion sans qu’aucun jugement ne soit porté.
Bonjour,
je souhaitais communiquer avec Mme Moreau suite à son témoignage. J’ai moi aussi eu un premier enfant de manière naturelle et aujourd’hui mon rêve d’agrandir la famille ne peut se faire que par don. Ma question est de savoir si la diffèrence conceptuelle entre les 2 enfants risque de faire souffrir l’enfant. Pourquoi je ne suis pas comme ma grande soeur? J’aimerais tellement avoir l’avis de parents ou d’enfants qui ont vécu cete situation, et savoir si seul l’amour compte…
Bonjour,
Il nous est difficile de répondre aujourd’hui a cette question, car nous en sommes au stade de la conception (avec don d’ovules).Mais notre projet se concretise étant donné que je suis enceinte de 2 mois!Nous envisageons d’expliquer a nos 2 enfants comment ils ont été conçus de façon assez simple et dès leur + jeune age. Et surtout de leur communiquer notre désir de fonder une famille, de donner de l’amour, et de leur offrir la chance de pouvoir partager avec un frere ou une soeur.Ils nous est impossible de savoir aujourd’hui comment réagirons nos enfants, mais le corps médicale est plutôt rassurant et affirme que les enfants connaissant leur histoire le vive tres bien. De plus dans 10 à 20 ans ce mode de conception sera certainement encore + courant et plus médiatisé.A chacun ses convictions, son histoire et ….son chemin.J’aimerais aussi avoir des témoignages de familles dans la meme situation avec de grands enfants, car nous nous posons aussi bcp de questions pour le bien etre de nos enfants.
Bonjour,
Waiky,nous avons exactement la meme histoire et les memes questions mais je pense que avec amour tout va bien se passer,il faut vivre un jour aprés l’autre et à son temps on saura quoi faire et quoi dire…
bon courage
P.S. Et pourquoi c est plus benefique de leur dire dès le plus jeune age, 2-3 ans ? parce qu ils vont s habituer a vivre avec cette idée au fil des ans, et vont l accepter, tandis ke si on leur revèle a 15 ans ou 18 ou 20 ans, ce sera un grand choc, deja k a l adolescence , meme avec les 2 parents biologiques, les jeunes rejettent leurs parents, alors avec une revelation pareille, ils repousseront ce parent qui n est pas de leur sang, meme s il a été un parent exemplaire. C est mon opinion, je ne suis pas psy, quelqu un peut il me dire s il est dans le meme cas, et si les enfants ont pardonné au pere non biologique de ne pas leur avoir revelé leur mode de conception merci de repondre ici.
Bonjour,
Je suis née par IAD en 1980 et j’ai l’impression de toujours l’avoir su car mes parents m’en ont parlé dès toute petite. Sûrement que les essais d’IAD avant que mon frère arrive m’étaient aussi expliqués alors que je n’avais que 4 ans. Ils ont toujours répondu à toutes mes questions et nous leur en sommes vraiment reconnaissants.Nous n’avons jamais voulu savoir qui était le donneur parce que l’on vit très bien sans et que notre père est notre père et pas notre géniteur.Nous sommes tous les deux parents à notre tour et nous portons très bien.Si jamais la loi passe ce serait une catastrophe pour les familles, je ne pense pas que mes parents aient fait cette démarche si on avait pu savoir qui était le donneur. J’espère que ce témoignage vous aura été utile.
bonjour
Nous avons eu 2 garçons par IAD (20 et 16 ans aujourd’hui) l’un d’eux témoigne dans le livre « donner et après » ainsi que leur père.
Les enfants l’ont su très tôt à l’occasion des questions qu’ils posent sur comment on fait les bébés. et nous avons répondu à toutes les questions qui sont venues ensuite. le plus petit a voulu visiter le cecos pour mieux comprendre et rencontrer l’équipe. Leur dire le plus tôt est une marque de respect, de confiance et une reconnaissance de leur capacité à comprendre et accepter ce qui les concerne, quand en plus c’est dit avec une voix et des mots pleins d’amour. Ils disent l’avoir tjrs su et ne cherchent pas à connaitre l’identité du donneur, si ce n’est pour lui dire merci. Etre Informés tôt cela leur permet d’intégrer étape par étape et comme l’a si bien dit un psychologue du cecos de Lyon (dans un article de Libération vers les années 1999): il vaut mieux vivre avec une énigme plutôt qu’avec un secret…
Je suis intimement persuadée qu’il y a un lien entre apprendre tard la manière dont on aété conçu et le besoin de connaitre l’identité du donneur
Ce que les équipes médicales ne disent pas assez fort c’est qu’il n’y a pas d’anonymat médical. il est donc possible entre médecins d’avoir des info sur les gènes du donneur pour envisager par exemple des recherches ou des info génétiques des enfants nés de ce don.
merci aux équipes médicales de relayer et confirmer cela